FEMMES (extrait de Charnières)

FEMMES

Chaque coup que le destin frappe est un coup de bâton, le salaire de mon ignorance, de mes insouciances.
Le destin n’est pas aussi aveugle que je le crois, même s’il ne regarde pas qui il frappe, il ne récompense que ceux qui sont dans son droit chemin !

Qui récompenses-tu ? Celui qui t’honore de son regard et de son corps ? De quelle façon faudra-t-il te regarder pour ne pas sentir ton ressentiment et ta colère ? Comment soulager tes douleurs profondes sans attirer tes foudres et tes haines ?

Vous êtes toutes différentes, mais aussi toutes semblables ; pas une pour défendre l’autre, mais toutes unies en une même âme, en une même essence.

Qu’avais-je oublié d’important à tes yeux ?
J’avais oublié que tes reins ont le mouvement de leur destin, que tes flancs ont engendré tous nos enfants, que tes seins ont la générosité de nos besoins.
J’avais oublié que ta peau est douce comme la soie, que la beauté de tes yeux est l’expression profonde et immense de ton âme, que tes cheveux, libres au vent, servent à séduire tes amants.
J’avais oublié que sur tes lèvres se dessinent, en lettres rouges, les mots d’amour que tu désires entendre toujours, que tes dents blanches, si elles peuvent mordre, ont plus de plaisir à croquer, que tes pieds, sur ce sol, marquent l’empreinte légère de tes volontés, que rien en toi ne doit être délaissé.
J’avais oublié que, dans nos ébats amoureux, ta langue avait l’habileté du serpent, que tu en voulais encore et encore au point de me dévorer.
J’avais oublié que tu pouvais être chatte et féline, tendre et meurtrière, attendrie par des murmures et déchaînée par des fureurs.
J’avais oublié ces blessures terribles que tant d’hommes t’ont faites, que toutes mes douceurs ne pourront pas anéantir tant de rancœur et tant de peine.
J’avais aussi oublié, qu’à tes yeux, il y avait un animal en moi.
Je t’avais oubliée jusqu’à ne plus savoir qui tu étais.

A chaque nouveau regard que je croise, tu es une autre mais il y a quelque chose en toi qui n’a pas changé ; chaque page que je tourne, reste un nouveau mystère. Chaque fois je crois te saisir, je pense que tu es la dernière, celle de mes rêves, mais je fais la même erreur, et le destin me punit… tu me punis.
J’avais oublié que tu n’acceptes pas les méprises.
J’avais oublié ta présence, que derrière ce visage tu étais toujours là avec tes rires enfermés.

Toi aussi, tu as tout oublié,
Oublié que j’ai oublié,
Que l’oubli mène à l’erreur et à l’errance.
06/02/2003