Luc Renders – Pauses Temporelles – LABYRINTHE

Luc Renders – Pauses Temporelles –LABYRINTHE

 

LABYRINTHE

 

 

Retrouver son centre,

L’antre de son ventre,

Malgré le broyage,

Les marécages,

La compression,

La déperdition,

La dispersion,

Le nivellement,

Le reniement.

 

———

 

Hormis les sacrifices et les tributs,

Au terme de chemins encombrés de ciguë,

Il est loin le temps où nous avions un fil d’Ariane

Afin d’extraire la vérité des Arcanes

Pour nous sortir des méandres sanguinolents

De nos dérives, de nos nids de serpents,

De nos guerres

Héréditaires.

 

———

 

Tels des coupe-gorges hantés

Aux cris d’agonies étouffées,

La Cavité est devenue absconse,

Au fil des générations, ténébreuse,

Totalement silencieuse,

Figée, coulée dans le bronze.

Nos viscères n’ont plus cette chaleur accueillante,

Cette douceur maternelle, séante ;

Nos cerveaux, amas de névroses,

 

Sont plongés dans les paradoxes en porte close,

Des dialectiques infinies

Où les mots, les verbes conjugués en inepties,

Transformés en esprit-de-sel,

Tiennent lieu d’incandescence intellectuelle.

Tous ces relents menstruels

Sont refoulés dans l’antre de notre ventre

Où se concentrent

Nos infâmes putréfactions

Et, sans distinction,

Toutes nos rébellions.

 

 

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Luc Renders – Pauses Temporelles – PORTRAIT DE FAMILLE

Luc Renders – Pauses Temporelles – PORTRAIT DE FAMILLE

 

 

 

PORTRAIT DE FAMILLE

Il faut aller au-delà des apparences,
Transgresser les bienséances,
Faire fi des résistances.
Dénuder nos peaux
Qui nous servent de simple manteau,
Mettre à nu les muscles saillants
Travaillés dans la masse par l’Artisan.
Et au-delà des chairs
Que notre peau enserre,
Nous y trouvons les viscères et les ganglions,
Puis encore les os et les tendons.
Quand la pantomime de notre squelette,
Devenu une hydre analphabète,
Cessera de nous terroriser,
De son miroir nous aveugler,
Il ne restera, se balançant au gré du vent,
Que les fils invisibles et illusoires
Accrochés à un vieil arbre mort depuis longtemps
Et disparu dans un épais brouillard.

———

Il y a dans le muscle la vitalité du mouvement,
L’ardeur athlétique du combattant,
L’esthétique anatomique des bodybuilders,
Artifices musculaires à la Highlander,
Des corps parfaits dopés à la testostérone
Mais plus aucun neurone.

———

Toi, le Vegan,
Prince ou tzigane,
Ton heure viendra d’être rongé par les vers
De la terre entière.
Ils te disent, de tout cœur
Et tous en chœur :
« Merci pour le somptueux repas
Que tu nous procureras ! ».

———

Tout est festin en ce monde, songes-y !
Le cannibalisme prend mille formes.
Il te suffit de dévorer des yeux ta maîtresse
Ou ton amant tel un vampire
Qui, de jour comme de nuit, aspire,
En une quintessence d‘ivresse,
Sa vitalité, son sang,
Cette chair que tu as entre les dents.

———

Sous l’élégance des postures apprêtées
Et offertes à la postérité,
Il y a aussi tous ces oubliés
Pendus aux crochets de leur destinée.

 

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Luc Renders – Pauses Temporelles – ÉTALAGE PUBLIC

Luc Renders – Pauses Temporelles – ÉTALAGE PUBLIC

 

ÉTALAGE PUBLIC

 

 L’esthétique de la chair,

Affectif ou alimentaire,

Des morceaux de choix

Qui font la fierté des bouchers

Comme celle des prostituées

Faisant étalage de leurs appâts.

 

A chacun ses talents,

Réfrigérant ou envoûtant,

De la découpe, de la séduction,

Le point commun restant l’absence d’émotion,

Et de tirer profit d’un certain cannibalisme affectif,

De nos instincts primitifs et compulsifs.

 

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Luc Renders – Pauses Temporelles – PIN – OUR DESTINY

Luc Renders – Pauses Temporelles – PIN – OUR DESTINY

PIN – OUR DESTINY

Voudrions-nous être épinglés
Comme de vulgaires insectes de collection
Sur un morceau de polyuréthane, écartelés,
Devenir l’objet d’une sordide admiration ?
La beauté diaphane de leurs ailes les a conduit
Vers leur propre nuit,
Dans des filets prédateurs
En quête de lueurs.

Les lépidoptères attendent, en osmose,
Impatiemment leur métamorphose,
Dans le silence cotonneux,
Au creux de leur œuf soyeux,
Sans penser à ces taxidermistes morbides,
Frénétique, avides
De l’éclat lumineux de leurs ailes
Aux quintessences surnaturelles.

Serpents, nous ne faisons que muer de peau
Ou entretenir de vieux oripeaux.
Nous rampons entre les pierres de nos misères,
Nous hantons les failles obscures de nos tanières
En quête de gemmes et d’étincelles,
Pire encore, nous sacrifions sur les autels
Tout ce qui bêle.

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