Luc Renders – Pauses Temporelles
Pauses temporelles est mon dernier livre de poésie, ou plutôt un livre de photos accompagnées de textes.
Au départ, les photos devaient être la base pour une future exposition que la crise du Covid a fait avorté prématurément.
Je voulais intituler cette exposition « Natures mortes », non pas des natures mortes comparables à des corbeilles de fruits ou des bouquets floraux, mais des instants figés totalement inanimés, dépourvus de vie. C’est vrai que la mort est un sujet très présent dans ma vie, étant donné que, tôt dans mon enfance, j’ai perdu mon père, ma grand-mère et mon tuteur. Ces décès m’ont fragilisé émotionnellement, mais ils ont aussi été plus tard quand j’ai commencé à écrire le point de départ de réflexions philosophiques et spirituelles.
Il y a dans la mort quelque chose de très négatif, de sombre, dont il faut bien sûr se protéger. Elle constitue aussi une source de souffrance inévitable à laquelle nous serons tous confrontés ; il convient de se rendre compte que nous sommes tous mortels, que notre temps en ce monde est transitoire et ne dure au regard de l’éternité qu’un simple battement d’aile ou de paupière. L’impermanence, chère aux traditions orientales, n’est pas qu’un simple concept intellectuel mais une vérité universelle tout aussi importante que la loi de la gravité. Tout naît puis ensuite disparaît ; tout surgit d’un Néant pour ensuite être repris par celui-ci dans une apparente indifférence, comme peut l’être l’attraction terrestre sur nos corps et sur tout objet situé à la surface de la terre.
J’ai entendu dire que les fruits ayant servi à des nature morte n’avaient plus le même goût qu’auparavant, ils avaient perdu de leurs saveurs, de leur vitalité. Qu’en est-il des modèles qui posent pour des peintres ou des photographes ? Ont-ils ou elles perdu un peu de leur être ? Il existe des traditions qui refusent de se faire prendre en photo car ils ont peur de perdre leur âme. Dans tous ces instantanés, il y a une sorte de figement qui ressemble à une petite mort. Cela semble anodin comme réflexion dans notre culture occidentale qui veut à tout pris retenir le temps tout en voulant aussi l’accélérer jusqu’à atteindre la vitesse de la lumière, paradoxalement, ce qui reste un moyen physique d’arrêter le temps. Le figement du temps nous oblige à rependre notre souffle, à nous remettre en mouvement, sans quoi nous finirions en arbre mort, en pierres de granit.
La mort est l’antithèse de la Vie, c’est du moins ce que nous croyons, ou ce que notre culture nous transmet comme héritage scientifique et culturel. Le travail poétique, philosophique et spirituel entrepris dans la création de ces photos et textes m’ont mis au défit de dépasser les images « arrêtées », et d’y goûter une joie poétique qui me redonne vie !
L’ablation des mots pour atteindre le monde des images.
Malgré la protestation de notre ego, les songes restent silencieux,
et ils nous mettent au défi de parler à nouveau en images et en
émotions ! Il y a en chacun de nous un monde étrange mais pas
étranger, fait de surimpression incessante d’images, de sons,
de sensations, d’émotions qui édifie notre psyché et colore la
subtilité de notre personnalité.
Comme dans un rêve, les images sont des portes entrouvertes
qu’il faut juste pousser.
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