Luc Renders – Pauses Temporelles – MEDUSE

Luc Renders – Pauses Temporelles – MEDUSE

 

 

 

MEDUSE

La Bête – Le Léviathan

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Insoumis, cachés dans les replis obscurs
De notre psyché atrophiée,
Malgré les cris plaintifs et les brûlures
Qu’ils endurent,
Les Bêtes attendent leur heure, résignés.
Les plus forts d’entre nous
Trouveront dans un face à face
Avec le Léviathan,
Sans utiliser un quelconque rite vaudou,
Les failles de sa cuirasse
Grâce au fil d’Ariane,
Et mettront fin à l’esclavage des stupeurs
Avant l’heure.

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Nés de la famille des krakens,
Ils macèrent
Leurs colères
Et le venin de leur haine !

 

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Luc Renders – Pauses Temporelles – LA NUDITE DES REVES

LA NUDITE DES REVES

 

 

 

LA NUDITÉ DES RÊVES

 

La nudité des rêves,

Celle qui transparaît dans les miroirs d’Eve,

Cette virginité originelle

Qu’aucun algorithme ne peut altérer,

Ni corrompre, ni déguiser,

Ni forcer à s’incarner dans le réel.

 

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Au cœur même de l’esthétique,

La solitude artistique,

Lorsque plus personne ne vous regarde,

Votre univers se lézarde,

Vous êtes seul au monde

Face à vous-mêmes, en une seconde,

Comme au fond d’une catacombe,

Tous les masques tombent.

Les spectateurs s’en vont

Vers d’autres horizons,

Vous devez affronter la solitude

Et les vicissitudes

De votre personnage,

Ses façades et ses cages,

Non pas celui que vous interprétez

Mais celui que vous êtes tout entier

Dans la démystification de l’ego

Qui a peur du chaos.

 

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Pour abuser la solitude

Et te fondre dans une forme d’hébétude,

Tu peuples ta psyché

D’un monde imaginé

De personnages factices

Sur fond de toile, en coulisse,

Jusque dans les failles reculées des profondeurs

Et des insondables hauteurs.

Lors de ces entractes,

Sans plus aucun contact

Avec la foule des artéfacts,

Tu es ramené plus cruellement encore

Au vide de ton âme, comme mort.

Alors tu continues sans cesse le même spectacle,

Devant le même public en attente de miracles,

Sans jamais te lasser de l’angoisse enivrante,

De l’appel des émotions palpitantes,

D’être toujours applaudi, aimé,

De louanges encensé,

Adulé comme le centre du monde,

Traversé par des ondes,

Avec pour seul univers

La scène, ses lumières

Et les spectateurs devant toi dans l’ombre,

Derrière toi, tes coulisses, tes décombres.

 

 

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Luc Renders – Pauses Temporelles – L’AVENIR

L’AVENIR

 

 

L’AVENIR

Nous sommes tendus vers notre avenir,
Avec pour mot d’ordre : « Bâtir »,
Avec la certitude ou la croyance
De nos arrogances.

Mais où plongeons-nous nos racines,
En cette terre utérine,
Pour n’avoir que de vulgaires radicelles
Et des branches sans excroissance,
Sans plus aucune résilience,
Avec la peur d’encombrer le ciel ?
Nous sectionnons nos branches à chaque saison,
Nous n’avons plus que de monstrueux moignons,
Des poings serrés qui maudissent le ciel
D’une rancœur existentielle.
Avec la crainte du mauvais œil,
Nous nous privons, jusqu’à notre cercueil,
D’une couronne immense de branches et de feuilles.

Nos troncs sont si fins, si frêles,
Qu’ils ne supporteront aucune grêle,
Ils ne résisteront à aucune mutation,
A la nécessaire prochaine évolution.

Nous vivons dans une virtualité instrumentalisée
Pour échapper à une réalité conditionnée,
L’augmentant pour la travestir
Avec des idées puériles.
Serait-ce là notre avenir,
Notre dernière île,
A la quête d’une nouvelle matrice
Échafaudée d’artifices ?

 

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Luc Renders – Pauses Temporelles – WALL OF DOLLS – Mur des poupées

WALL OF DOLLS   – Mur des poupées

WALL OF DOLLS   – Mur des poupées

Encore aujourd’hui, il y a une femme
Qui meurt chaque heure
Sous les coups et les larmes,
Sous les angoisses et les peurs,
Sous la violence de leur partenaire,
De ses pulsions meurtrières.

Le monde est affable de toutes sortes de misère,
De potins, de faits divers, de faits de guerre
Venant des quatre coins de la terre.
Et nous restons implacablement insensibles,
Inertes aux douleurs et aux cris quasi inaudibles
De ces femmes en état d’aphasie
Alors qu’elles nous ont donné la Vie.

La force du mâle se fait brutalité,
La marque de sa virilité
Ou de sa faiblesse,
D’une faille qui sclérose toute tendresse.

Notre indifférence
Relègue ces femmes au silence,
Au devoir de se taire
Pour ne pas déplaire,
De crier leur douleur
Dans des sanglots et des pleurs,
Et cette lourde charge d’être
A la fois « Femme » et « Mère ».

 

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